Pardon 2010

Les Sept Dormants d’Éphèse rapprochent les couples islamo-chrétiens Enregistrer au format PDF Voir la version PDF

La Croix, 22/07/2010
Mardi 23 janvier 2024

Le Pardon des Sept Saints Dormants d’Éphèse, qui se tient samedi 24 et dimanche 25 juillet au Vieux-Marché (Côtes-d’Armor), réunit chrétiens et musulmans depuis 1954. L’un des rares événements permettant aux couples islamo-chrétiens, comme René et Sâdia, de partager une expérience religieuse
Article de Romain Thirion

Rares sont les événements religieux où une messe est suivie de la lecture d’une sourate du Coran. Le Pardon des Sept Saints Dormants d’Éphèse en fait partie. Une aubaine pour les couples islamo-chrétiens. À 32 et 33 ans, René et Sâdia en sont des habitués. Marié depuis 2004, le couple originaire du Centre va effectuer son quatrième pèlerinage au Vieux-Marché, village armoricain où se déroule le pardon depuis 56 ans.

S’ils vont y jouer lors du fest-noz traditionnel, inhérents aux pardons en Bretagne, les deux professeurs de musique s’y rendent surtout pour partager en famille la dimension religieuse de l’événement. « Cela représente davantage pour moi que pour ma femme, reconnaît René, parce que je suis d’origine bretonne. J’ai toujours participé à des pardons, qui sont ancrés dans la culture de la région. Grâce au Pardon des Sept Saints Dormants, j’ai pu faire découvrir mes racines bretonnes à ma femme et les faire partager à nos enfants. »

L’événement reste un pardon traditionnel, les conférences et les rencontres interreligieuses étant organisées en parallèle des festivités. René est d’ailleurs attaché à la définition qu’en donnait Louis Massignon, créateur du pèlerinage : le pardon traditionnel du Vieux-Marché, avec une greffe musulmane. « On ne vous prend pas votre pardon, on y ajoute une dimension supplémentaire », précise René, pour paraphraser Louis Massignon.

Le dialogue avec d’autres couples islamo-chrétiens a renforcé leur volonté d’union

Si Sâdia avoue ignorer ce qu’était un pardon avant de rencontrer son époux, René reconnaît lui-même que celui du Vieux-Marché lui était totalement inconnu jusque 2004. C’est cette « greffe musulmane » qui a retenu l’attention du couple. « Trouver un événement religieux qui nous rassemble correspond à une recherche d’une manière de vivre au quotidien la relation islamo-chrétienne », explique Sâdia. Ainsi, au retour de leur premier pèlerinage, René et Sâdia ont pu s’inscrire dans une démarche plus générale, en intégrant le Groupe de foyers islamo-chrétiens (GFIC), et partager l’expérience de vie et de foi d’autres couples mixtes.

« Comme les femmes ne sont pas tenues d’aller à la mosquée, je partageais assez peu de moments de prière avec ma communauté, se souvient Sâdia. Le pèlerinage permet aussi de se retrouver entre coreligionnaires pour entendre des récitations de sourates, pour prier. »

Le couple reconnaît qu’avant le mariage, le dialogue avec d’autres couples islamo-chrétiens a renforcé leur volonté d’union. « Sans cela, nous n’aurions peut-être pas pu nous marier, car le faire accepter à ma famille a été difficile », avoue Sâdia. Aujourd’hui, elle et son mari prennent le relais de ceux qui les avaient conseillés, auprès d’autres jeunes couples.

« Notre mariage a finalement apaisé les tensions, explique René. Puisqu’il s’est réalisé, pour les musulmans, c’est que "c’était écrit", que la volonté de Dieu a été faite. » Le couple, qui a participé également au pèlerinage islamo-chrétien de Chartres « sur les pas de Marie », regrette cependant que les événements religieux communs soient souvent impulsés par le milieu chrétien, quand tant d’événements culturels rapprochent les deux communautés. Mais ils sont convaincus qu’à l’image du partage de repas de rupture de jeûne dans certaines associations musulmanes pendant le Ramadan, d’autres événements interreligieux sont possibles.

Voir en ligne : https://www.la-croix.com/Religion/A...

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