Traduction française de la Gwerz esquissée avec Mlle Geneviève Massignon, en suivant le plus littéralement le rythme syntactique,- en nous guidant sur la traduction française ms. établie par le Recteur Yves Bonniec (mort le 5 novembre 1956) pour Mme Yvonne Chauffin).
- Assistants catholiques ici présents,
approchez tous, pour écouter ;
un cantique spirituel nouvellement composé
le sujet est digne de votre attention
si vous y êtes attentifs, il apportera la joie dans vos cœurs. - Mais, avant de poursuivre, adressez tous avec moi
En, vos cœurs, et vos prières vers [1] le ciel
et je vous assure que vous verrez alors une chose sûre et certaine
je vous parle d’un ouvrage qui n’a pas été fait de main d’homme. - Dans l’évêché de Tréguier, dans la paroisse de Plouaret
L’Esprit Saint a élevé une Chapelle sans chaux,
sans argile, ni maçon, ni couvreur, ni charpentier
celui qui vient la voir, verra que c’est la vérité. - La Chapelle n’est formée que de six pierres
quatre rochers servent de murailles
deux autres de toiture : qui ne comprendrait
Que seul le Dieu tout-puissant [2] a pu la bâtir ? - Vous me demanderez peut-être :
quand et comment elle fut bâtie ;
et moi je réponds : que je crois que quand fut créé le monde,
le ciel, la mer, la terre, elle fut aussi bâtie. - En cette Chapelle, Chrétiens, sont priés les Sept Saints.
C’étaient sept frères de qualité, gens sages, hommes sensés
Sept serviteurs de Dieu quand ils étaient sur terre
sept défenseurs pour nous maintenant qu’ils sont dans la gloire. - Votre Image aussi y est, Mère de miséricorde
au milieu des Sept Saints ; soyons sous votre aide
quand nous venons aux Sept Frères pour qu’ils prient pour nous
que d’abord nous soit accordé de ton fils Jésus le pardon. - Je crois, ô chrétiens, que vous aurez soin
d’honorer en ce lieu Marie et les Sept Saints
en voyant la chapelle qui a été faite
sans chaux, sans argile, sans marteau, ni secours d’aucun homme. - Pour suivre leur exemple, et comprendre
combien Dieu exauce ses serviteurs
ceux-ci Lui demandèrent de souffrir pour Sa gloire _les peines que Vous voulûtes leur envoyer sur terre. - Le premier des Sept Saints était Maximian [3],
le second Marc et le 3e Martinian
le 4e St Denes, St Yan le 5e
et 6e Serafion, Constantin le 7e. - Autrefois il y avait un homme cruel,
Décius il était nommé
Empereur le plus féroce et le plus méchant qu’on pût trouver
Fit une persécution martyrisant tous les chrétiens
qui refusèrent d’abandonner leur foi et leur croyance. - Dans une ville appelée Éphèse
étaient alors les Sept Frères ;
au temps où était à Rome Décius, l’Empereur
il leur manda des ambassadeurs
pour chercher à leur faire renier leur foi et leur loi. - Les Sept frères ont dit net aux ambassadeurs
qu’ils ne renieraient ni leur foi ni leur loi
condition, mieux valait cent fois abandonner leurs charges
que d’être traîtres et d’abandonner leur croyance. - Le tyran pensait dompter leur constante
il leur fit enlever leurs fortunes [4] et charges [5]
Il leur fit savoir qu’ils seraient punis si fidèles à Jésus recompanso [6]
mais que si ils le reniaient, ils seraient honorés. - En vain on leur enleva leurs charges et le reste
et les força à mendier leur pain
ils se vouèrent à être sept martyrs plutôt
que de désavouer Jésus en croix crucifié. - Lorsque l’homme cruel eut échoué
à les mater par ses ambassadeurs
se mit en grande colère, il voulut venir à eux
les chercher et les châtier par le fer et par le feu. - Hélas. Il les découvrit cachés dans une Caverne
et, au lieu de leur rompre les os
il donna l’ordre de maçonner la Caverne sur eux
comme s’ils avaient été des morts, eux qui étaient pleins de vie. - Comment, homme tyran infernal, porter la pire sentence
vous ordonnez une chose si cruelle pour la Sagesse
vous enterrez (vivants) sept frères de qualité
qui avaient mené toujours une vie sans aucun vice. - Au moins, s’il fallait qu’ils meurent
vous auriez pu leur donner une mort légère, homme pervers et féroce
mieux vaudrait mourir sur la roue ou lié à la potence
ou rôti à feu de charbon comme St Laurent. - Mais perdre toute lumière, être enterré vivant
mourir en toute détresse, par la faim et la soif
qui sont un martyre aussi horrible et aussi grand
que l’enfer ou le pire purgatoire. - Assistants catholiques, n’êtes-vous pas vous-mêmes attendris
en voyant sept créatures en vie, enterrées
ils ont été en pleine santé et pleine jeunesse
enterrés dans une caverne et non dans une église. - Hélas tout est achevé pour eux, laissons-les
puisque nous ne saurions les aider. Ô Vous, Père Éternel
recevez leurs âmes à jamais dans votre Gloire
puisqu’à cause de Votre loi, ils se sont laissés « plantés » vivants dans la terre. - Ô Dieu tout-Puissant, Vous avez gardé autrefois
le prophète renommé, Jonas, dans le corps d’un animal
un poisson appelé la Baleine l’avala dans la vaste mer
et dans la ville de Ninive, après trois jours, le rendit. - Vous avez protégé Daniel au milieu des lions
Vous avez donné aux Trois Enfants de chanter dans le four ardent
Et maintenant Vous mettez les Sept Frères dans une Caverne
Pour y mourir en pleine santé par ordre de Décius. - Dix-sept et huit fois vingt ans [7] ils sont restés dans ce lieu
jusqu’à ce qu’on descelle la Caverne de sur eux
les quelques-uns qui avaient entendu dire qu’on les avait mis là
les croyaient morts, depuis longtemps réduits en poussière. - Dieu le tout-puissant, Lequel ne laisse pas
les travaux fait pour Lui sans salaire
envoya le sommeil dans la Caverne aux Sept Saints
et les garda pendant ce temps des peines et tourments. - Car lorsque les Sept Saints furent dans la Caverne enterrés
par la puissance de Dieu ils commencèrent à dormir
dix-sept et huit fois vingt ans ils furent, sans s’éveiller
et quand s’ouvrit la Caverne, on les y retrouva. - À peine furent-ils découverts, partout se répandit la nouvelle
et elle mit dans l’admiration un grand nombre de gens
cela n’était pas sans raison, car, je crois, jamais
on n’avait encore ouï parler d’un miracle aussi grand. - Quand fut entendu le miracle, et que la nouvelle fut répandue
tous les gens d’Éphèse vinrent pour le voir
tous s’agenouillèrent là, et pleins de grâce
ils rendirent louange au saint Nom de Dieu. - Par le témoignage d’une plaque de cuivre, trouvée là près d’eux
où étaient écrits leurs noms et leur vie
Dieu a permis, pour Sa plus grande gloire
de connaître combien de temps ils avaient été enfermés. - Peu après, la mort est survenue par les Sept Saints
leurs âmes aux cieux d’un coup furent portées
S’ils n’ont eu en ce monde qu’à souffrir peine et chagrin
au moins dans l’autre monde, ils ont trouvé la joie. - Combien nous sommes heureux, nous, Bretons,
qu’il y ait un si grand trésor dans la paroisse de Plouaret
rendons grâces à la Trinité, Père, Fils, Esprit Saint
d’avoir élevé aux Sept Saints dans notre pays une chapelle. - Outre la jolie petite chapelle, il y a encore, près d’elle
une belle Fontaine des Sept Saints, et elle a sept sources
sept ruisselets par lesquels Dieu donne des grâces
et Il continue à faire en tout temps nombre de miracles. - Cette eau-là a fortifié des dispos, et guéri quelques-uns
calmé dans leurs peines quelques-uns qui étaient malades santifiant [8],
Dieu a donné aux âmes de belles grâces
et aux corps force et santé par l’intercession obtenue des Sept Saints. - Une femme de Plouaret, la paroisse des Sept Saints,
Katel David est son nom, est tombée d’un mal de saint
du mal de St Loup elle est tombée si souvent
et pensant qu’elle n’en pourrait pas plus être guérie qu’elle n’en mourrait. - Après s’être longtemps ainsi mal portée
elle a pensé aller jusqu’à la chapelle des Sept Saints
ici elle a trouvé un remède pour sa maladie
car depuis qu’elle a été là, plus jamais elle n’y est retombée . - Pieres le Guillermic, du Vieux-Marché [9]
desséché par une fièvre prise à son père
lavé d’eau suivant son désir à la fontaine de la chapelle
s’est retrouvé guéri, grâces aux Sept Saints. - Encore Pieres Querivoal, de la paroisse de Pluzunet
était par le mal de gorge aussi martyrisé
une fois la nuit il était plus mal, il a pensé qu’il en mourrait quand il se fut voué aux Sept Saints, guéri il fut après. - Des gens malades de toutes sortes de maux, impotents
boiteux, estropiés ou aveugles
sont allés jusqu’aux Sept Saints, se sont trouvés débarrassés de leurs douleurs
une femme de Plouaret perdit la vue
elle avait beau chercher des remèdes, elle ne guérissait pas. - Elle y est allée avec son époux, en vraie dévotion
pour prier les Sept Saints du fond de son cœur
ses deux yeux elle a baignés dans l’eau de la Fontaine des Saints
a trouvé la lumière comme avant. - Il est défendu d’oublier aussi les bienfaits
faits à Marie Allain, faits par les Sept Saints
elle n’avait pas en ses deux seins de quoi nourrir
la petite créature qu’elle avait mise au monde. - Elle est allée avec pleine foi à la Chapelle des Sept Saints
chercher de la nourriture pour donner aux innocents
et par la grâce de Jésus et de sa mère la Vierge
aussitôt ses deux seins sont devenus pleins de lait. - Les deux fils de Jacques le Goffic de la paroisse de Trébeurden
furent pendant neuf semaines très malades avec les fièvres
Sept Saints ils furent voués, et dans le mÍme temps
les fièvres les ont quittés et il sont redevenus sains. - La fille de Julien le Piver, de Lannion
était par une maladie affligée au cœur
ne pouvait pas d’elle-même seulement bouger, ni marcher
ses deux jambes étaient comme rendues mortes. - Elle fut apportée aux Sept Saints par sa mère et son père
pour faire sa prière et présenter son offrande
fut allumé un cierge pour elle aux Sept Saints.
et elle marcha jusqu’à la fontaine, toute heureuse et pleine d’entrain. - Des miracles eurent lieu ici, à l’égard de toutes sortes de gens
à tous pauvres et riches, bien plus, à des bÍtes muettes
qui souffraient, plusieurs fois une force [10] est venue,
depuis qu’elles ont été vouées aux Sept Saints. - Écoutez ce qui arriva là, avec un homme insensé
qui vint pour voler du blé à la Chapelle des Sept Saints
quand il fut pour endosser sa charge, il lui resta attaché
jusqu’à ce que vienne la procession de la paroisse pour le délivrer. - Un grand nombre de miracles on pourrait citer ;
on les dirait tous, si ce n’était fastidieux
tous ceux que j’ai dits sont vrais, par ma foi et tous ceux qui ont été guéris en témoignent. - Il n’est pas de lieu sur terre, quand on y vient prier
où Dieu ne puisse agréer notre offrande
Il est vrai, quand même, qu’Il a choisi des lieux
au-dessus des autres lieux, pour y être honoré. - Une chapelle avec six pierres, depuis très longtemps élevée
Fontaine à sept sources, où beaucoup de miracles sont arrivés
nous font voir clairement que les Sept Saints sont un endroit
que Dieu a choisi pour nous donner des grâces. - C’est pourquoi, s’il nous est désirable d’aller aux cieux
tant que nous en avons le temps, recherchons-en donc les chemins
recueillons une belle moisson, belle, des grâces de Dieu
de peur d’en être hélas, à notre mort, dépouillés. - Hantés sont les Sept Saints, chaque jour pendant la semaine
par des gens venus de tous côtés, surtout pendant le lundi
mais chaque année le dimanche après [la fête de] la Madeleine [11]
il y a un pardon, indulgence à gagner pour les vrais chrétiens. - Une indulgence, en ce monde, nous décharge de la peine
due au purgatoire de passer à travers le feu
mieux vaut une bonne œuvre faite durant notre vie
que cent ans de flammes : pour purifier notre âme. - Profitons tous de cette occasion
à nous d’aller au pardon des Sept Saints, à nous de prier Dieu
demandons-y de vivre en ce monde une vie sainte
et méritons dans l’autre monde l’allégresse éternelle.